• DVD - Conan

    DVD - ConanL'histoire de Conan au cinéma démarre en 1982 et cristallise l'espoir d'une foule de fans de fantasy galvanisés par le succès grandissant de Donjons & Dragons. Le héros imaginé par Robert E. Howard (1906-1936) n'est pas un barbabre comme les autres. Ses détracteurs en font une brute avinée et stupide, un tas de muscles sans cervelle, dont les récits ne sont que combats sanglants et pillages malsains. Son univers, le monde hyborien, ne serait qu'un patchwork de nations vaguement inspirées de notre préhistoire, de notre antiquité ou encore de notre moyen âge. Son auteur, Howard, a rédigé un grand nombre de récits mettant en scène des athlètes favorisant l'action à la réflexion et affrontant des hordes dégénérées pour une gloire bien éphémère. Mais dans le coeur comme dans l'esprit de Howard, Conan a toujours tenu une place à part. Selon lui, le barbare cimmérien se tenait dans son dos et lui soufflait ses exploits à l'oreille lorsqu'il les couchait sur papier, car ses aventures s'imposaient à lui sans qu'il ait besoin d'y réfléchir. 

    Au fil du temps, Conan est devenu un symbole qui plait à notre société, tout en incarnant son antithèse absolue. Le symbole de la liberté, du refus du joug des puissants, de l'espoir que l'on pourra toujours s'opposer au Mal et brandir l'épée dans la bonne humeur, le coeur léger et l'esprit libéré de ses chaînes. Conan est un refus de l'esclavage sous toutes ses formes, et le géant cimmérien vit en chacun de nous, à chaque fois que l'on pense devoir faire front à l'adversité. Conan a le coeur pur, mais c'est pourtant un forban. Il ne tue pas par plaisir, mais prend son pied en combattant. Il ne force aucune femme, mais est invité dans les couches les plus chaudes, ne se liant qu'en de rares occasions, et souvent pour peu de temps. Il n'est qu'un barbare sans le sou, mais trouve toujours de l'or pour payer ses beuveries et son ambition déraisonnable de devenir roi de ses propres mains sera exaucée lorsqu'il déposera sur son front la couronne d'Aquilonie. En fait, Conan est l'homme que l'on voudrait tous être, et qui pourtant nous ferait honte.

    Pourtant, le cinéma n'a jamais su transmettre toute la complexité symbolique du personnage. Incarné à l'écran par Arnold Schwarzenegger, et mis en scène par John Milius, le barbare est perçu comme un fanfaron habile à la pointe de l'épée. Si Conan The Barbarian (1982) n'écorne pas encore trop le mythe, Conan The Destroyer (1984) le ravale au rang de vulgaire héros de série B. La puissance du symbole qu'incarne le Cimmérien aurait dû lui offrir une carrière plus riche sur grand écran, mais si chacun des films comporte des scènes devenues cultes auprès d'un certain public, sa chute dans l'imagerie collective a sérieusement entamé la magie qui suintait du monde hyborien. Le projet d'un troisième film allait souvent refaire surface au fil des années. Les fans étaient aux aguets, espérant que justice soit rendue au personnage le plus emblématique de la fantasy. On évoquait alors le retour de Schwarzenegger dans le rôle principal, puis dans le rôle du père de Conan, voire dans le rôle d'un Conan vieux, roi d'Aquilonie, envoyant son fils Conn découvrir le vaste monde. Mais il n'en fut rien. On eu bien droit à Kalidor (Red Sonja en VO, 1985), mais rien de croustillant à se mettre sous la dent avant le projet de Marcus Nispel, Conan The Barbarian (2011).

    Dans le rôle du barbare hyborien, Jason Momoa (on le voit notamment dans la série Game Of Thrones, dans le rôle de Khal Drogo) reprend la difficile succession du Gouvernator. Le film reprend l'histoire du Cimmérien à ses débuts, lors du massacre de sa tribu par un seigneur de guerre désireux de ramener sa sorcière de femme à la vie, aidé par sa sorcière de fille... Le film est assez bien réalisé, ses effets spéciaux sont tout simplement hallucinants. Et pourtant, après l'avoir vu, je me prends de nostalgie pour le premier opus de John Milius. Cela tient peut-être à la bande son, plutôt molle, ou à l'histoire, peu développée et rapidement balayée, ne tirant pas vraiment parti de la richesse du monde des nouvelles. Les puristes s'offusqueront d'ailleurs que des tribus cimmériennes conservent chez elles des reliques d'un masque maléfique, elles qui craignent la sorcellerie plus que tout au monde. Le célèbre regard bleu acier de Conan ne transparaît pas dans le film, alors que de simples lentilles de contact colorées auraient pu faire l'affaire. Le diable, dit-on, est dans les détails... Si vous n'avez pas encore vu le Conan de 2011 et que vous aimez les films de fantasy, vous ne serez sans doute pas déçus. C'est un film d'action, plutôt bien réalisé. Mais je n'y ai personnellement pas retrouvé la magie du premier film, et encore moins celle des oeuvres littéraires très sous-estimées de Robert E. Howard.

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