Imaginez un monde futuriste, en 2149. Une terre ravagée par la pollution et les conflits mondiaux. Une atmosphère irrespirable, un contrôle des naissances strict, une criminalité galopante... Des scientifiques trouvent alors, sans doute par hasard, un portail dimensionnel ouvert grâce à l'énergie dégagée par un trou noir en bordure de notre système solaire. Ce portail mène dans une dimension parallèle vers une planète similaire à la Terre, mais plus jeune de 85.000.000 d'années. Soit en pleine époque des dinosaures... L'espoir, ténu, renait alors et des "pélerinages" sont organisés pour peupler cet univers neuf, un nouveau départ pour l'humanité. La série va suivre les aventures du couple Shannon et de ses trois enfants qui font partie du 10e pélerinage. En fait, c'est la mère, Elisabeth, brillant médecin, qui a été sélectionnée - et ses deux plus grands enfants avec elle, Josh et Maddy. Mais comme le couple a eu - enfreignant de ce fait la loi - un troisième enfant, le père, Jim, ancien policier, est sous les verrous et la petite Zoé, la plus jeune, ne peut franchir le portail. Heureusement, on n'arrête pas aussi facilement un héros déterminé et toute la famille se retrouvera rapidement sur Terra Nova.

Terra Nova est le nom donné à une enclave de civilisation au sein d'un océan végétal peuplé d'animaux préhistoriques. Le camp est dirigé par un ancien militaire, Taylor, qui semble avoir deux visages. D'un côté, c'est le protecteur bienveillant et paternaliste du camp. De l'autre, c'est un dictateur aux méthodes expéditives et à la morale très conservatrice. Le danger, dans ce nouvel environnement, réside bien entendu dans la faune sauvage, mais aussi dans une faction rebelle, les "Classe 6". Lors du sixième pélerinage, des gens ont été envoyés sur Terra Nova pour assassiner Taylor et prendre le commandement de l'enclave. Ils ont échoué et ont dû se cacher dans la sylve. Ils sont dirigés par une charmante Mira, qui joue tantôt la gentille, tantôt la méchante. Ajoutez à cela un climat conspirationniste tournant autour du rôle du fils de Taylor, brillant scientifique capable, visiblement, de transformer le portail, a sens unique, en un tunnel bi-directionnel, assurant à ses commanditaires l'exploitation des ressources naturelles de Terra Nova. Nous avons avec cette série tous les éléments d'une fresque explosive...

Pourtant, on a l'impression que la série ne décolle jamais vraiment. Les ressorts scénaristiques sont éculés : un chef gentil mais aussi méchant, une chef rebelle méchante mais aussi gentille, des jalousies sentimentales, des traîtres repentis et de faux alliés, il n'y a dans les scénarios de Terra Nova rien de bien neuf. C'est plus le cadre qui fascine que la trame en général. Les amateurs de SF auront tout de suite repéré que le fait de se situer dans une autre dimension permet de ne pas se soucier de l'impact d'une communauté humaine sur le futur de la planète. Les questions scientifiques ne sont d'ailleurs pas vraiment au coeur du débat. La science semble avoir tellement évolué en 2149 qu'on peut quasiment tout soigner. A se demander comment cette science n'a pas permis de réparer la planète... Mais ce ne sont là que quelques unes des questions que l'on se pose à la vision de cette série. Les moyens engagés ont en tout cas été jugés disproportionnés au vu du succès relatif de la série aux USA et on en restera donc sur la seule première saison, comptant 13 épisodes de 45 minutes. Sauf rachat de licence prochain. 

Pour les rôlistes, Terra Nova offre pourtant de formidables possibilités. Une colonie humaine technologiquement avancée dans un environnement hostile, des dinosaures, des mystères à découvrir, des traitres, des rebelles... Il y a là tous les éléments d'une fresque mi-pulp, mi-SF. Il suffirait de remplacer la théorie caduque du portail par un vaisseau spatial expérimental démonté pour les besoins de l'établissement du camp, la terre bis par la seule planète habitable accessible et la petite histoire de famille mesquine de Taylor par un peuple mystérieux ayant déjà visité la planète en des temps réculés, ayant laissé des marques visibles et susceptible de revenir à tout moment... Nous aurions là une campagne épique digne de ce nom. Vous ne trouvez pas ?