Retrouvez sur ce blog l'ensemble de mes créations liées au jeu de rôle : mes JDRA, mes scénarios, mes personnages et mes inspis...
Le Marquis raconte les tribulations d'un dénommé Vol de Galle, ancien inquisiteur dans une ville baptisée Venisalle, subtil mélange onirique entre Venise, Paris et la Rome vaticane. L'époque est proche de la Renaissance, sans plus de précision, et le monde n'est pas exactement le nôtre. Venisalle est une utopie, son histoire une uchronie. Vol de Galle a commis durant son mandat d'inquisiteur des choses atroces, mais sa foi l'a toujours guidé. Sa religion est proche du catholicisme. Un Pape Régent exerce le pouvoir moral et politique. En réalité, il n'y a guère que deux institutions qui président à la destinée de Venisalle : le Ministère, l'autorité religieuse, et l'Armée, qui régente l'ordre dans les rues. Les citadins sont décrits comme très pieux, mais on voit rapidement qu'ils portent pour la plupart des masques de carnaval pour cacher leurs péchés. Vol de Galle a pour confidente la statue d'une sainte, la sainte de Massard. Il n'a de cesse de lui faire part de ses doutes. Un beau jour, il se voit confier par elle (pense-t-il) une mission sacrée, un masque noir au nez crochu, une épée et une paire de pistolets. Avec ces attributs, il pourra voir les démons cachés dans les âmes humaines, les expier et les renvoyer en Enfer avant de donner l'absolution aux âmes enfin libérées. Dans une Venisalle enneigée, le Marquis, nom que lui donnent ses victimes, va pourfendre les démons par dizaines, attirant l'attention à la fois du Ministère, qui le prend pour un démon meurtrier, et de l'Armée, qui tentera de démontrer qu'il s'agit d'un tueur en série bien humain. Mais pour accomplir sa mission, le héros devra renoncer à tout ce en quoi il croit : l'ordre et la religion. A nouveau, le doute assaillera Vol de Galle : que fait-il ? Au nom de qui ? Pourquoi est-il toujours en proie au doute en accomplissant son sacerdoce ?
Dans ce roman graphique, l'auteur, Guy Davis, nous dépeint une fresque sombre où les excès du dogmatisme religieux sont dépeints dans toute leur horreur et où le mal n'est pas toujours caché là où on le croit. Le choix du noir et blanc, avec l'apparition de la couleur lors de la visite infernale, donne à l'ensemble un ton plutôt épique et un souffle de véracité à l'univers décrit. L'histoire n'est pas tellement importante. Il faut voir Le Marquis comme un tableau de maître, avec plusieurs degrés de lecture et une image durable projetée dans notre inconscient. L'auteur, sans doute, y projette-t-il ses propres doutes, sa vision du fanatisme aveugle. La bande dessinée ne dénonce pas la croyance, mais bien ses excès. L'athée que je suis aurait apprécié une issue moins éthérée, mais l'oeuvre se veut plutôt portée sur le questionnement et se refuse à trancher dans le vif du sujet. En l'état, Le Marquis peut jouer son rôle d'inspiration pour toute histoire liée à une ville très religieuse, que ce soit dans un monde médiéval-fantastique ou dans une Renaissance plus historique. Il peut servir de cadre global à des aventures pour "Mousquetaires de l'Ombre", par exemple, mais aussi pour "Warhammer" ou encore pour "Te Deum pour un Massacre". La présence du fantastique peut en effet être dosée : soit les démons sont réels et dangereux, soit ils sont le fruit de l'imagination du personnage et c'est alors lui qui est dangereux. Bref, c'est une vision que l'on a envie de prolonger et de partager.
Danse Macabre est le premier volume d'une série publiée chez les Humanoïdes Associés.