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BD - Carland Cross (Oleffe-Grenson)
Pourquoi les grands détectives doivent-ils tous fumer la pipe, porter un impair, habiter Baker Street et être Anglais ? Carland Cross est sans doute un peu plus qu'un hommage au célèbre Sherlock Holmes. Le "détective de l'impossible" n'est point affublé d'un docteur mais bien d'un apprenti qui est aussi le narrateur de ses aventures, Andy White. On sait peu de choses du passé de Cross, si ce n'est qu'il a dû lire tous les livres édités et sans doute beaucoup voyager. C'est un être supérieur, doté de connaissances infinies, polyglotte, plutôt bel homme et pas couard pour un penny. En vérité, c'est peut-être le seul défaut de la série : son héros est trop parfait. En fait, c'est dans les personnages secondaires qu'il faut chercher pour trouver quelques traits intéressants. La fougue de la jeunesse, c'est Andy White. La candeur populaire est à attribuer à Mrs. Stone, la gouvernante tandis que la gloutonnerie est la raison d'être du "superintendant" Wingfield, le patron de Scotland Yard.
Les aventures de Carland Cross se déroulent pour la plupart en Angleterre (le dernier épisode fait exception car il se déroule à Manhattan, NY, aux USA). Dans un Royaume-Uni préoccupé par le réveil de l'ogre allemand, aux alentours de 1936, l'empire de sa Très Gracieuse Majesté vacille sur ses fondements et est cerné de toutes parts par des agents étrangers (dont la très problématique cuisine française). L'ennemi numéro 1 est bien entendu allemand, un agent secret du nom de Baldur Von Klotz, alias Murdock. Un être vil mais charismatique, prêt à vendre son âme à toute grande puissance qui lui permettrait de triompher de sa némésis. Les affaires dont Cross hérite sont toujours teintées de surnaturel. Cultes égyptiens pratiquant de sordides rituels, ancienne religieuse se nourrissant du sang des pauvres de White Chapel, apparition de vikings sanguinaires aux alentours du Loch Ness, Cross trouvera toujours une solution rationnelle aux mystères qui trompent la police, même s'il arrive que le surnaturel triomphe.
Le style graphique est sombre et très chargé, dépeignant assez bien la vie multiculturelle de Londres à cette époque, mais n'est pas toujours à la hauteur des espérances, notamment en ce qui concerne les visages. C'est un dessin réaliste mais qui compte aussi une faible portion de "cartoon" qui ne passe pas toujours très bien. On peut facilement y puiser des idées de scénario, même si les trames devront toujours être retravaillées pour servir (les déductions de Carland Cross sont parfois alambiquées) en cours de jeu. Les ambiances et les décors sont toutefois directement transposables à des jeux comme l'Appel de Cthulhu, Chill, Maléfices ou encore, pourquoi pas, Berlin XVIII (après tout, ce sont des histoires policières). Le duo Oleffe/Grenson sait poser une ambiance urbaine légèrement gothique et il va sans dire que la ville de Londres peut être considérée comme l'un des personnages de l'histoire.
Pour info, la série Carland Cross a été interrompue en 1998 mais a repris en 2003 sous le nom des "Nouvelles aventures de Carland Cross", toujours sous la plume de Michel Oleffe mais avec Isaac Wens au dessin. Une série d'animation a également vu le jour en 1995 et compte 26 épisodes de 26 minutes chacun, dont la plupart de scénarios inédits.
Tags : cross, bd, londres
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Commentaires
Pourquoi fument-ils la pipe ?
pour faire sérieux pardi !